L’idée est venue suite à une thématique de concours : illustrer un personnage de livre.
En effet, j’ai toujours voulu faire une robe corsetée en livres et papier depuis que j’ai vu celle créée par Sylvie Facon, une créatrice française.
Le thème du concours de cette année m’a paru tomber à pic. De plus, je venais de lire La voleuse de livres roman de Markus Zusak qui m’apportait une illustration parfaite pour cette idée.
Liesel est une enfant allemande vivant durant la seconde guerre mondiale. Elle est transportée par les livres et les mots.
Je me suis sentie assez proche de ce personnage car enfant je dévorais les livres pour répondre à mes nombreuses questions et m’échapper un peu du monde que je ne comprenais pas.
Liesel voit sa vie structurée et soutenue par les livres, peu importe le sujet, pourvu qu’il y ait des mots. Le corset est également la structure d’un vêtement, la base qui lui donne sa forme et son allure, le corset de livres me paraissait donc plus qu’évident.
Le tutu représente à la fois l’enfance et la fumée.
Il est mêlé de pages de livres brûlés comme la vie de Liesel qui part en fumée lorsque sa rue est bombardée.
Dans ces pages on retrouve les symboles de sa vie l’accordéon, des trains de déportation, des bombardements et une croix gammée.
Le plus drôle c’est d’avoir découvert ces images lorsque j’ai détruit les livres pour le corset alors que ce n’était pas le but.
La construction
Cette robe a nécessité une bonne trentaine d'heures dans sa conception.
Prise de mesure, puis patronage du corset suite à de nombreux essais. Les différents panneaux (10 en tout) ont été délicatement bâtis à la main puis assemblés à la machine.
Bâtir les panneaux de corset à la main permet une plus grande précision et une bonne conservation du "rond" du corset.
Les baleines spiralées sont glissées dans chacune des coutures du corset. Ces baleines ont pour avantage d’être souples, et adaptables en longueur.
C'est le moment un peu brute dans la corseterie. En effet, je sors la Dremel pour pouvoir poncer les bouts des baleines pour qu'elles n'abîment pas le tissu.
Il existe pleins de méthodes pour cela, y compris l'application de certains enduits.
Recherche du patron pour créer la base du futur tutu.
La fabrication du tutu a nécessité 15 mètres de tulle. C’est une construction basée sur le tutu « pancake » nécessitant la superposition de plusieurs couches. Celui de ma création est une version très longue par rapport à la version traditionnelle.
La lumière électrique est ajoutée au seing de la sculpture de cœur du papier.
Il s’agit tout simplement d’une guirlande de Noël à piles.
Je ne peux tout simplement pas résister à l'ajout d'un peu de brillance et de paillettes comme vous pourrez le voir dans mes créations.
J'ai grand hâte d'apprendre à faire mes propres circuits de lumières pour encore plus de merveilleux et d'incroyable !
Chaque dos de livre a été coupé, chaque morceau de papier a été brûlé avant d’être collé au néoprène sur le costume.
Les morceaux de papiers se veulent une imitation de dentelle délicate au niveau du corsage.
L’aspect flamboyant du cœur a été finalisé à l’aide d’aquarelle.
Les livres utilisés pour cet ouvrage étaient des livres voués à la destruction.
Il s’agissait de leur rendre hommage, pas de détruire des trésors anciens.
Après cela l'atelier sentait "bon" la colle, mais il faut bien cela pour un résultat le plus impecable possible. Ce type de colle permet un collage souple, le corset pourra donc suivre le mouvement et épouser délicatement les formes.
Pour ceux qui le souhaites, le concours était organisé par foundationsrevealed.com, un site avec plein de ressources et d'articles intéressants pour les costumiers et couturiers. Seul bémol, le site est en anglais.
PS : La concurrence était rude, je n'ai pas eu ma place sur le podium cette année là, une prochaine fois peut-être...