J’avais depuis longtemps l’envie de créer un costume de la Belle et la Bête car c’est une histoire qui me touche beaucoup. Le conte original a été publié pour la première fois en 1740 par Gabrielle Suzanne de Villeneuve. Il s’agissait tout d’abord d’une critique sociale vis-à-vis de la condition des femmes âgées au sein de la société. La version plus romantique, plus populaire, a été publiée quant à elle en 1757 par Madame Leprince de Beaumont et était à destination des jeunes filles. C’est de ce dernier qu’est inspiré les nombreux films et dessin animés que nous connaissons aujourd’hui.
J’ai voulu reproduire une robe de 1740 pour rendre hommage au conte original, tout en restant dans la thématique moderne.
Dans cette optique, j’ai utilisé des patrons de corps baleinés de 1740, des paniers pour les hanches (et pour avoir des poches) et un modèle de construction de robes à plis watteau. Ces dernières commençaient tout juste à être à la mode.
Pour situer la période, c’était au moment où Louis XV était en relation avec Madame de Pompadour.
La plupart des patrons historiques disponibles sont à remettre à l’échelle. Voici par exemple le corps baleiné qui a servi de base pour Belle. Il me permet d’avoir la bonne forme à la mode de l’époque. C’est à dire un buste plutôt conique avec une poitrine légèrement remontée et compressée pour un effet pigeonnant.
Pour les couches suivantes, les patrons ont été obtenu par moulage. C’est-à-dire que l’on pose le tissu directement sur la personne et que l’on découpe et agence les pièces selon ce que l’on souhaite.
Conformément aux tenues d’époques, elles se composent de nombreuses couches :
La bête : chemise, pantalon (avec les « collants » remplacés par les poils) , veston et veste, jabot et engageantes (manchettes).
La Belle : chemise, corps baleiné, panier double, jupons, jupe, robe, et pièce d’estomac. (visible ci contre)
Quelque chose d’impressionnant concernant le corps baleiné : y sont logés 121 baleines métalliques !
Ce sont les gilets pare-balles anciens
Chacune des jupes de la robe comporte des fentes de chaque côté, ainsi les paniers font office de poches géantes.
Le costume de la Bête comporte également 8 poches.
Le dos est constitué de plis Watteau. Ils commençaient tout juste à apparaître et sont la base de la robe à la française souvent porté par Marie Antoinette lors des événements officiels.
Des nœuds au dos permettent de maintenir les plis fermés et de s’adapter à la silhouette de celle qui porte la robe.
Les différentes broderies ont été peintes à la main pour un aspect plus réaliste et mêler de façon plus harmonieuse les différentes nuances d’or.
Elles ont été collées ensuite sur le tissu pour une question de rapidité.
Chaque strass a également été posés au centre des roses.
Les pattes de la bête ont été faite à partir des techniques des furies en ajoutant de la mousse à des endroits stratégiques pour donner l'illusion d'une jambe animale. Le patronage du pantalon a également été fait directement sur mon mannequin, car avec la fourrure, le coupe à plat aurait été quelque peu complexe.
Il me fallait une façon d’évoquer la passion de Belle pour les livres et faire un lien avec les créations Disney. J’ai donc utilisé du papier qui a été teint au café (photo à droite) et embelli avec de la peinture dorée. Sur ces papiers ont été imprimés les paroles « Histoire Eternelle ». Ils seront les fronces chères aux robes de ce temps. (à gauche)
Les cornes de la bête sont constituées de ce que l’on appel de l’eva foam. Une mousse (comme un tapis de sport) très dense qui est sculptée par la chaleur et assemblée avec du néoprène.
Les griffes de la Bêtes sont faites également de mousse qui a été peinte avant d’être recouverte de Worbla transparent. (Plastique thermoformable).
Ainsi la Bête acquiert un aspect très vivant et un peu plus réaliste.
L’aspect anatomique des pattes d’un animal est obtenu grâce à de l’ajout de mousse de part et d’autre de la jambe. Tout est recouvert ensuite de fourrure.
Autre détails important, Chip (ou Zip) la petite tasse bien sympathique qui met tout le monde d’accord.
Cette tasse est faite en foam clay (ou pâte à modeler de mousse). La peinture vernie très brillante permet d’avoir l’effet céramique.
Le dernier détail ayant toute son importance : la rose éternelle.
Le circuit électronique a été monté par mon conjoint. Il est constitué de guirlande lumineuse, de LED et d’une cigarette électronique. Ainsi la rose s’illumine et émet de la fumée.
Voici enfin une belle et une bête de 1740 ! La vidéo vous montre les nombreuses couches du costume.
Au bilan, ce costume a été réalisé sur 1,5 mois.
Le coût du matériel revient à 1500 euros environ. L'usure machine et les fils représentent environ 10% du prix final.
En me payant 20 euros de l'heure (le minimum du minimum pour un artisan créateur) avec quasiment 2 mois à temps plein (environ 216 heures) cela revient à 4320 euros.
Donc avec l'usure machine, les taxes, les deux costumes reviennent à 8148 euros.
Si jamais de telles pièces vous font rêver n'hésitez pas à me contacter pour avoir la vôtre !
Quelques images de détails...